Il n'y a rien de plus orgueilleux qu'un riche qui a été gueux.
On dit encore : Fier comme un parvenu. Ceux que la fortune a été chercher dans la lie du peuple, pour les porter sur ses épaules dans son temple, ou chez qui elle s'est fait porter elle même sur des crochets, comme dit un ancien moraliste, sont presque tous fiers et insolents. Ils attribuent à leur capacité, à leur industrie ou à leur mérite, des faveurs que la fortune n'aurait garde de leur accorder, si elle y voyait clair. Ces champignons du hasard se donnent des airs de grandeur par leurs dépenses, et méprisent ceux avec qui ils allaient de pair autrefois. Une comparaison originale de Rabelais peint fort bien les caprices de la fortune; il dit que la fortune est un arbre qui produit toutes sortes de lames et d'ustensiles, et que l'espace de terre qui l'environne pousse des manches de toutes façons : lorsque les fruits de l'arbre sont mûrs, ils tombent, et il arrive assez bizarrement que la lame d'une épée rencontre le manche d'une étrille, et que celle-ci s'enfile de même dans la garde d'une épée. On fait ordinairement deux fausses généalogies aux nouveaux parvenus, l'une pour les relever, l'autre pour les abaisser.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828
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